mercredi 21 mars 2018

Qu'est-ce que la créolophonie ?



Retournons à l’essentiel, la culture. « Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. À l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations ». Aucune culture n’est fermée sur elle-même, parce qu’elle est influencée en permanence par d’autres, dès que l’homme se déplace et traverse les frontières. La créolophonie regroupe tous les hommes, tous les territoires et toutes les institutions qui considèrent le créole comme leur langue.


Ce sont différentes langues qui proviennent pour la plupart du français, de l’anglais ou du portugais. Les locuteurs de ces langues les dénomment « kreyòl », « patwa », « papiamento », etc. Une définition socio-historique présente les créoles comme des langues créées par les populations transplantées de l’Afrique vers l’Amérique à l’époque de la traite négrière.


Les créoles ne sont l’ennemi d’aucune autre langue. C’est ainsi que la créolophonie est ouverte à l’échange avec toutes les autres langues. Les langues ne se battent pas les unes contre les autres. Et la créolophonie n’est le privilège de personne ni d’aucun groupe. Mais, il peut y avoir plusieurs groupes qui luttent au service de la créolophonie. Quand nous parlons de lutte, nous ne voulons pas parler d’affrontement entre les groupes, mais de lutte contre les préjugés, de lutte contre les complexes.


L’usage du mot « créolophonie » peut prêter à confusion, car ce n’est pas nous qui avons inventé ce terme, c’est un mot qu’on emploie dès qu’on désigne l’ensemble des sociétés créolophones. C’est donc un terme qu’on a l’avantage de comprendre directement, sans avoir besoin de l’expliquer chaque fois qu’on l’exprime. Notre apport consiste à asseoir ce terme sur un discours philosophique et sociologique.


Je n’ai pas le monopole de la signification du terme « créolophonie » et je ne m’exprime ici au nom d’aucun groupe, d’aucune association. Je parle en mon nom, dans le cadre de mes recherches sur les langues et les cultures des créolophones. On pourrait attribuer une autre dénomination à cet ensemble, mais nous pensons que cela reviendrait au même. Il y a une différence entre le signe et la signification du signe. On se sert du terme « créolophonie », mais on aurait pu se servir tout autant d’un autre terme pour désigner cet ensemble.


Quel problème cet ensemble engendre-t-il ? Quelle est sa relation avec la francophonie ? Si ce ne sont pas « Kòkòt ak Figawo », ce ne sont pas des ennemis pour autant. Il n’y a même pas de dépendance entre ces deux termes, parce que le suffixe « phonie » vient du latin. On parle de créolophonie, comme on parle d’anglophonie ou de cacophonie. Ce n’est pas parce qu’il y a « phonie » comme suffixe qu’il faut le délimiter par rapport à la francophonie.


La francophonie est prise ici pour exemple, mais nous travaillerons plus tard aussi sur l’anglophonie et l’hispanophonie. Le problème posé est celui-ci : plusieurs structures relient les sociétés anciennement colonisées par la France pour défendre la langue et la culture des locuteurs du français alors qu’aucune structure ne relie les sociétés créolophones pour défendre les langues et les cultures de ces populations. Est-ce que les locuteurs du français et ceux du créole ont le même droit d’imposer leur langue et leur culture à leur propre société ?


Fabian Charles

mardi 29 novembre 2016

Deux définitions du mouvement littéraire spiraliste

Nous réunissons pour vous ici, deux définitions du spiralisme par les théoriciens de ce mouvement, deux textes qui doivent entrer dans l’histoire de la littérature haïtienne pour toute étude de ce mouvement.

Préface d’Ultravocal par Frankétienne :

Narration. Description. Monologue. Rumeur de voix. Personnages ballottés entre la vie et la mort, dans l’éparpillement du texte. Vatel, condamné à l’errance. Mac Abre, l’incarnation du mal. Le poète, prisonnier de son délire. Et surtout, vous lecteur, complice du jeu terrible de l’écriture ; vous dont la participation conditionne l’existence du livre.

La production littéraire ne vaut que par la lecture créatrice, celle qui a pour tâche d’agencer, à travers une relative ambiguïté, les divers éléments structuraux de l’ouvrage. Brassage des infinis matériaux du langage. Fonctionnement complexe des métaphores et des symboles dans l’enchevêtrement musical des signes, puisque même le silence fait partie de l’œuvre.

Chacun des « espaces blancs » représente une porte ouverte, une rupture de séquence. Et le montage des différents segments du texte est laissé au choix du lecteur qui dispose alors d’une absolue liberté constructive face à l’éventail infini des combinaisons. L’œuvre équivaut alors à un pré-texte (à motivation plurielle) selon le cheminement de la lecture, selon la succession des paragraphes.

Massif montagneux à plusieurs versants, la Spirale constitue un continuum spatio-temporel dont les éléments d’appartenance sont susceptibles de permutation, de translation, d’extrapolation.

Plans mobiles. Axes variables. Rien n’est imposé au lecteur qui peut ainsi évoluer, dans l’espace du livre, sans être contraint d’observer un itinéraire préétabli. Dans un tel cas, la pagination ne sert que de système de repérage ; elle ne définit pas l’ordre de la lecture. Le titre n’est qu’un indice problématique à résonances multiples. Et il est souhaitable que le nom de l’auteur figurant ordinairement sur la couverture, loin de se ramener à l’équivalent d’une étiquette de marchandise, se vide de son contenu mythique, se dépouille d’on ne sait quel hypothétique prestige, et cesse enfin d’être l’objet d’un certain fétichisme.

L’œuvre n’appartient à personne ; elle appartient à tout le monde. En somme, elle se présente comme un projet que tout un chacun exécutera, transformera, au cours des phases actives d’une lecture jamais la même. Le lecteur, investi autant que l’écrivain de la fonction créatrice, est désormais responsable du destin de l’écriture.

Frankétienne

Dialogue à bâtons rompus sur le spiralisme, entrevue accordée par Jean Claude Fignolé à Dieudonné Fardin :

Il faut voir d'abord dans le spiralisme un effort de renouvellement de la littérature haïtienne. Depuis l'indigénisme, rien ou presque rien n'a été entrepris en ce sens. Si bien que de nos jours, bon nombre d'écrivains haïtiens se réclament de tendances littéraires épuisées et que des critiques utilisent toujours l'indigénisme comme code de référence pour juger les productions actuelles. Or l'indigénisme est dépassé. Il avait correspondu à une réalité sociale, politique, économique et même militaire : l'occupation américaine. Sans doute, cette réalité continue de marquer notre existence. Depuis 1915, n'assiste-t-on pas à une américanisation progressive de notre manière de vivre ? Mais, de 1915 à nos jours, il y eu les deux guerres mondiales, la guerre de Corée et les deux guerres d'Indochine. Et surtout, le surgissement - j'emploie ce mot à dessein plutôt que décolonisation - des peuples colonisés d'Afrique, d'Asie à l'indépendance. Notre quête d'identité ne peut plus se poser en termes de repli sur nous-mêmes travers un africanisme de convention. Mais en termes d'ouverture sur le Tiers-monde, de solidarité avec le Tiers-monde. 

Au niveau strictement théorique, nous avons choisi de suivre le roman moderne dans son refus de l'unicité de l'action. Parce qu'une telle démarche est conforme à notre conception d'un genre total : ni roman, ni poésie, ni théâtre, mais les trois à la fois. Cette conception n'est pas étrangère. Elle est haïtienne. Donne-toi la peine d'aller à la campagne. Si par chance les paysans se réunissent sous la tonnelle pour tirer des contes en ta présence, tu t'en convaincras facilement. La structure narrative des contes est souvent éclatée (excusez-moi d'employer ce verbe à la voix passive, mais cette tournure inusitée rend mieux mon idée). Le conte devient théâtre et spectacle (dialogues, chants, danses). Les auteurs interviennent, coupent le récit en des improvisations en dehors du récit - nous les appelons fugues - par où se révèle le génie poétique et inventif de nos paysans. Il y a comme une participation des auditeurs hors des limites du récit et qui interdit, par là même, le développement linéaire du récit. 

Nous croyons qu'il est nécessaire de prendre de l'occident les éléments positifs de sa culture et de les intégrer, en les humanisant, à notre propre culture.

Je pensais au Japon qui a assimilé la science et la technique de l'Occident pour les mettre au service de son développement mais qui n'a pas su éviter l'écueil de l'aliénation et de la déshumanisation de l'économie capitaliste. 


Jean Claude Fignolé


lundi 27 avril 2015

Ki sa ki kreyolofoni ?

Nou pa bezwen espesyalis osinon fèt tou save pou nou konprann ki sa ki kreyolofoni. Kreyolofoni pa yon tèz oubyen yon teyori yon moun mete sou pye nan liv. Kreyolofoni a se yon espas ki gentan chita anvan nenpòt moun tabli teyori sou li. Espas sila a se ansanm sosyete kote moun pale kreyòl.
 
Kreyòl la se yon lang ki fonmen nan melanj lang afriken yo avèk lang kolonizatè a nan epòk trèt esklav la. Sa vle di, moun ki pale kreyòl yo gen yon istwa ki sanble. Yo tout se te esklav kolon blan pran sot nan divès kote nan lafrik ki te vin mete sou pye yon nouvo kilti nan peyi kote yo depòte yo a. Kilti sa a kenbe plizyè aspè kiltirèl peyi lafrik kote yo soti yo e li pran tou plizyè aspè kiltirèl nan men kolon yo. Kidonk, kreyolofoni a se yon espas ki rasanble tou anpil aspè moun ki pale kreyol yo genyen ansanm sou plan istorik ak kiltirèl. Lè nou fin chita sou baz sa a, nou ka diskite ki sa moun sa yo pataje ansanm ak sa yo pa pataje.
 
Gentan gen enstitisyon kap travay sou koze kreyolofoni a, enstitisyon sa yo okipe yo de aspè lengwistik espas sa a. Yo chita ansanm pou gade ki sa lang kreyol yo genyen nan lonbrit yo e nan ki mezi nou ka di yo sanble. Men pa gen ankenn enstitisyon entènasyonal ki travay pou relye tout rejyon kreyolofoni a nan domenn kiltirèl ak politik. Sa vle di pa gen okenn oganizasyon entènasyonal k ap travay sou pwogram echanj dokiman ak konpetans tout rejyon kreyolofoni a ansanm.
 
Nou panse sa se yon gwo feblès pou tout rejyon sa yo ki pa gen pwogram echanj pèmanan avèk kote ki sanble yo a. Nou panse sa gen yon enpòtans fondamantal pou pèmèt echanj pami rejyon sa yo. Fòk nou konprann, nou menm ki ann Ayiti nou pa poukont nou nan kilti kreyòl nou menm jan ak nou menm ki Kapvè avèk nou menm ki Babad.
 
Lyen kiltirèl ant divès rejyon sa yo ka akouche anpil pwogram echanj tankou sou plan ekonomik ak kiltirèl. Peyi sa yo ka tabli lyen pou devlope tèt yo ansanm ak defann tèt yo. Sa ka yon bèl avantaj pou rejyon sa yo paske yo konsome sou plan kiltirèl, ke se nan manje, nan rad, avèk nan mizik, anpil materyèl ki menm. E sitou li ka pèmèt kreye lyen solidarite ant divès rejyon nan karayib la avèk divès rejyon ki jis nan oseyan endyen an.
 
Fabian Charles

mardi 21 janvier 2014

Ce que parler français veut dire en Haiti


Il y a beaucoup à réfléchir sur le statut de la langue française en Haïti. Il est vrai que nous avons une longue et fructueuse tradition littéraire francophone mais je ne sens pas que ma génération a le même rapport avec le français que les générations précédentes. Le français a toujours été pour moi une langue écrite que je ne parlais que très rarement. Ne la parlant pas à la maison, avec mes amis, à l’école et même la radio et les discours politiques que nous écoutions, étaient en créole. D’où mes difficultés avec le français quand je venais d’arriver en France. A ce propos, le rapport esthétique de ma génération à la langue française devrait être différent de celui des générations précédentes.

La langue française est vécue avant tout en Haïti comme une langue académique. Ce n’est pour la plus grande partie de la population haïtienne pas une langue maternelle, c’est une langue que nous apprenons à l’école. Toutefois, le créole prend de plus en plus de place même dans le milieu éducatif. D’ailleurs si une plus grande partie de la population haïtienne sait lire et écrire aujourd’hui par rapport à l’ère Duvalier et précédemment, c’est grâce au statut du créole comme langue officielle puis l’enseignement de la langue créole.

Pierre Bourdieu nous montre dans son texte Ce que parler veut dire que la langue peut être un enjeu de pouvoir et de domination. Un des plus anciens clivages de la société haïtienne est que le français dans la classe bourgeoise était mis sur un piédestal tandis que le créole qui est le langage de la masse populaire était dénigré. Parce que l’éducation se faisait en français, ne pas parler français voulait soi-disant dire ne pas être éduqué. Cependant la classe bourgeoise actuelle en Haïti ne parle même pas le français. Elle parle un mélange de français créolisé et d'anglais vulgaire. Une langue inventée, parlée par eux seuls. Cette langue par exemple, ne fonctionne pas en France.

Avec le nombre croissant de jeunes étudiant aux USA,  l’importance  grandissante de notre diaspora dans ce même pays, l’anglais envahit de plus en plus le langage. Le français oral courant est souvent une traduction du créole ou de l’anglais parlés plus couramment par la diaspora. Et qui n'a pas réfléchi à cela ne comprend rien à l'Haïti d'aujourd'hui. Nous devrions donner aux langues leur vraie place. A l’intérieur du pays, on a tendance aujourd’hui à favoriser le créole dans les discours politiques, le président de la république s’il veut être élu démocratiquement est bien obligé d’aborder son peuple en créole.

Actuellement, on a beaucoup plus un rapport écrit avec le français. On peut trouver une poignée de gens qui parlent du bon français dans les espaces intellectuels, qui font de la bonne littérature, mais même là en général, plus nous sommes jeunes, moins nous communiquons en français. Il est plus intéressant pour nous d'aborder le français à l'écrit et le créole à l'oral. D'où, que quand je m'exprime sur le plan esthétique, le français a le statut de langue écrite et le créole de langue orale.

Le français est en Haïti une langue décadente. On ne peut plus dire qu’elle est l’exclusivité de la bourgeoisie, parce que ceux qui détiennent le capital économique, qui ont moins de quarante ans et qui ont grandi vers la fin du règne de Jean Claude Duvalier et après, à cause des nombreux exils ou de la croissance de notre diaspora et l’accès du statut du créole en tant que langue officielle, ne peuvent pas aisément tenir un long discours en français sans le bombarder d’expressions en anglais ou de mots créoles. Ce n’est pas une langue décadente parce qu’elle est bien moins parlée par la bourgeoisie, mais c’est bien une langue décadente parce qu’elle est de moins en moins utilisée. Il semblerait que Dany Laferrière élu à l’académie française soit une fierté haïtienne néanmoins la plus grande partie de la population doit bien se demander qui est ce Dany Laferrière ?

Fabian Charles

lundi 31 décembre 2012

De san nèf lane lendepandans

Onè pou nou tout
Respè pou nou tout

Nou tout ki ayisyen nan nanm kit nou anndan peyi a, kit nou nan zantray lot peyi, menm jan Tousen te dil rasin nou mare janm ak nanm peyi a, e sa se rasin ki pap koupe ki pap debranche, rasin nou ap mare grenn pa grenn nan yon linyon ki pa janm sispann depi Desan nèf lane. Jodi a chif yo byen tonbe, loto a bann twa boul  de san tou nèf ki pase koule anndan rasin sa yo ki fè nou pwofite de bon nouvèl sa a pou n swete nou tout : Bòn ane, Bòn ane !

Se de san nèf sa ki jayi anndann ki pouse n ekri nouvo tip diskou sa jodi a pou bay politisyen nou yo leson sou koman pou yo reflechi, reflechi yon jan pou lide ki kale nan tèt yo ka klere kou koukouy nan black-out menm yo menm lagen ladan l nan.

Frèn Sèn
Wi klere nan fè nwa paske lavi a pa ròz, e sou chimen yo meten nan solèy la pa sanble ap chanje koulè. Gen yon powèt, Antonio Machado ki te kanpe yon vwayajè sou chimen l, li te rele Ey! Vwayajè pa gen chimen ki tou fèt, vwayajè gen de lè ki rive pa gen chimen, se ou ki pou trase chimenw, se nan sitiyasyon vwayajè sa nou ye jodi a apre de san nèf lane vwayaj endependans ki pa pèmèt nou jwenn chimen limyè.

Rete! Vwayajè afè yon pa devan twa pa dèyè sa a fini, Si nap fè kita nago nou tout nap deplase an mas pou met ansanm nan gro senbol rasanbleman Kita Nago a kap soti Lèziwa pou rive Wanament paske men anpil sou wout la chay la ap mwen lou. Vwayajè ou pap fè back anko! Fok moun nou mete sou pouvwa a jodi a konn sou ki pye pou yo danse pou nou fè an avan paske nou pa gendwa gade dèyè ank ò.

Solèy la cho devann, solèy la ap tann nou nan bral. Men menm jan malè avèti pa touye kokobe fon pran konsyans ke sak fè nou pa janm rive manyen solèy sa a depi De san nèf lane endepandans se paske gen yon pousyè blanch ki kouvri solèy la ki pa vle nou wè avè l. Jodi a nap repran wout nou sou yon nouvèl ane endepandans an direksyon solèy la.

Koman pou nou pwofite de solèy sa a, ki se solèy devlopman, solèy endepandans, ki se solèy avni nou. Vwayajè pa gen de chimen poun trase, fok li sot nan ma dlo sal koripsyon ki anpechen mache, se yon chimen ki pou fè yon pon rasanbleman ant ayisyen ki anndan a ki lotbo dlo ki se pi gro sous veritab soutyen ke peyi a genyen, se pa takse pou n takse yo, se fè kob sa fè pitit nan bay moun nasyonal nou yo plis opotinite pou yo fè biznis nan peyi a pase moun aletranje, pou kob la pa vide nan kès leta tankou dlo nan yon paswa, ki fin rive isit ki tounen nan peyi blan an. 

Pou sa fèt se yon administrasyon solid pou nou bati, ki pwòp, ki gen san nèf ki koule lwil ladan l, yon san ki pa mele ak grès koripsyon ansyen sistèm lan ki anpeche san nèf la koule lwil soti nan kès leta rive nan venn pèp la. Yon grès koripsyon ki anpeche motè devlopman an mache lwil, pou li pran chimen li an avan!

Pousyè blanch ki mele ak grès sa a anndan motè devlopman an, se lajan blanchi nan dr òg ak move aktivite moun ki nan swadizan nouvo pouvwa a al pran jis nan lanmè rale vini sou teritwa nasyonal la, moun sila yo kale figi yo klè nèt nan figi tout moun nan swadizan nouvo pouvwa a, yo te nan linite nan koripsyon kounye a yo nan linite tèt kale !

Jodi a se avantaj demokratik ki pèmèt nou fè kritik pozitiv ak aprann politisyen nou yo koman nou ka fè yon nouvo tip diskou endepandans ki baze nan tèt ansanm antre nou e ki pa pale de bouche nen n pou n bwè dlo santi, dlo blanch, dlo kolera. Sepandan nou pap manje ankenn simagri bonbon demokratik stati la libète kap vann nou sak diri plen zetwal, tèt nèg. Nou vle chanjman an fèt nan kè kal, je kale.

Repran endepandans ekonomik nou se fè de chwa responsab. Se deside aji nan transparans pou pèp la wè klè nan zafè leta a, se sispann pale poun pa di anyen. Se devlope touris la yon jan pou lè kob la rantre nan lotel yo pou li profite vre ak nasyon an sinon grangou ap fè pèp la al bwè kloroks nan pisin lotel plen lajan blanchi sa yo menm jan sa fèt déjà. Malerezman nou remake ke se direksyon sa a leta a vle pran avèn jodi a, direksyon milat pòv se nèg, nèg rich se milat.   

Blan vle fè nou kwè nèg rayi nèg depi nan ginen, se pa vre. Yon enpotan prezidan ameriken te di fok yo mete nèg ak soulye kont nèg a pye pou yo ka gen dominans sou nou. Jodi a nou di non, peyi n pa pou vann. Lamerik Ayiti a pa pou ameriken. Gen moun ki konsekan nan peyi a e ki konn reflechi avan yo selebre. Pran konsyans gen moun ki paka fete nwèl e ki pa gen kapasite pou bwè yon soup jiroumou nan yon chalè familyal. A moun sa yo nou di gen konviksyon peyi a ap chanje demen, lè solèy la leve pou nou, lè leta a va aji nan transparans ak konsyans nasyonal.

Lapè, Lanmou ak Revolisyon!

Viv Lendepandans!

Fabian Charles   

jeudi 27 octobre 2011

Le nouveau chef

Penché sur mes études dans une capitale qui n’est pas la mienne, dans une métropole que nous avons vaincu, je suis comme tout haïtien de la diaspora l’actualité de mon pays. Nous savons tous que le degré de perception diminue avec la distance mais que les sentiments sont encore plus profonds et plus attachants. Si chacun de nous pense retourner à un moment quand même dans notre cour, le cadre qu’on nous prépare ne cesse pas d’être désagréable.

Après des semaines de tractations d’élections fausses ayant abouti à de faux chefs, à de faux leaders, suivent les luttes intestines pour qui trouvera le plus d’intérêt a la nomination du nouveau premier ministre dans un pays sans chef. Gary Conille est passé entre plusieurs manches pour arriver à ce poste. Après tout ce n’est que de la politique aussi ancienne que nous la connaissons, pour s’affirmer dans l’arène il faut prendre les couleurs de la majorité, selon Hegel, c’est par le chef suprême que doit s’affirmer la cohésion de la société, l’état aurait pour but de résoudre les conflits, qu’il tiendrait le rôle d’arbitre. Aujourd’hui nous constatons qu’il n’y a aucun arbitre dans l’arène ou plutôt s’il y en a un il n’est pas vu au grand jour.

Pour Durkheim toute nation se réunit autours de principes sacrés et le chef symbolise ce sacré, infranchissable. C’est d’après ces réflexions que dans les débats récents, certains sénateurs qui étaient d’abord pour la nomination d’un premier ministre quelque soit ce que cela coute ont décidé de s’abstenir parce qu’ils ne voyaient pas clairs, ils ont douté de tout et ils ont par des arguments tirés d’observations quelque peu élémentaires justifié leurs abstentions. Nous disons élémentaires parce qu’il n’ont pas développé toute l’étendue de leurs arguments et qu’ils avoueront d’eux même qu’ils se sont trompés de cible, parce que si ce nouveau premier ministre est de source douteuse, la primordiale préoccupation devrait être le choix de cet homme fait par leur président internationaliste, la décoration de Bill Clinton par ce même homme et le mutisme catégorique d’une nation qui n’en a rien a voir.

Entre vote technique et politique, le premier n’a aucun sens, parce que les politiciens sont élus pour décider là ou les technocrates échouent, ils sont là pour défendre la dimension humaine et symbolique de la nation. La constitution haïtienne est désuète et accordons nous que si un référendum se fait auprès du peuple pour leur demander s’ils sont en accord avec leurs lois ils répondront par la négative. Ce genre de principe n’est donc pas sacré en Haïti, a vrai dire franchissable. Changer ces principes est une urgence et les bafouer ou pas ne sont pas des préoccupations du peuple.

Platon nous dit que le chef doit éclairer la nation. Si Martelly trouve qu’il est un chef et qu’il se vante de parler clairement, récemment il est assez trouble. On dit que les choses sont roses en Haïti, le peuple accroupi dans sa misère est peut-être daltonien. La problématique haïtienne est si vaste qu’à chaque problème découvert on se demande intuitivement sa cause, j’en ai discuté avec des collègues économistes et constitutionnalistes, il semblerait que c’est un jeu à somme nulle. Penché sur l’aspect social de nos blessures, on remarque que si les classes sociales disparaissent progressivement dans les pays économiquement plus riches, elles sont encore présentent ici, et que la classe populaire ne se reconnait pas en tant que classe ouvrière mais classe de chômeurs, de malheureux.

Leur chance est peut-être à saisir sous la présidence Martelly, même si la priorité gratuite de l’éducation n’a pas encore complètement atterri et face à l’incompétence visible de Sweet Micky et malgré la séparation incessante entre les discours et les actes, il faut se placer dans le bon sens de l’histoire et supporter toute initiative de l’administration actuelle, supporter la compétence du nouveau premier-ministre et le placer en chef inconditionnel de la nation en devenir, ne pas inciter son alliance mais plutôt sa mésalliance avec les faux donateurs qui donnent depuis que la nation souffre et demande encore plus de dons.

L’important est que l’ensemble de ceux qui occupent les medias pousse le nouveau chef a penser indépendance au lieu de l’y ancrer s’ils veulent durer, car ce n’est que dans l’indépendance que se trouve leur salut. L’indépendance c’est arrêter de douter de sa propre puissance pour affirmer à la transversal comme Descartes que nous sommes, nous existons face au monde, et déduisons en logiquement la seule vérité indubitable, je suis chef et ainsi un peu en profiter, parce qu’être chef d’un pays libre c’est être au dessus entre 25 000km de tout autre homme qui voudrait s’immiscer dans la corruption et l’aide de sangsue, Les rats politiques pourraient s’ils sont intelligents ainsi sortir de l’ombre car étant dominants dans l’arène, ils utiliseront le processus démocratique et leur possibilité de s’opposer à toute tentative dictatoriale.

C’est ainsi qu’en refusant le lobbying tout un nouveau pays s’offre les premiers jours de son existence. Nous ne conseillons pas un refus systématique des offres ce qui serait irresponsable et provoquerait sans doute des blocages à l’image de Cuba mais une visée de développement axé principalement sur ses propres ressources, sur une nouvelle constitution, l’existence de principes, en acceptant l’aide de façon à mettre tous les donateurs sur une balance équitable et leur proposer la même considération. Ce que nous remarquons bien au contraire c’est la position atlantiste de sweet micky, or comme le dit Marcel Mauss chaque don occasionné mais celui qui reçoit dans l’embarras d’une dette. Je me souviens avoir vu Aristide dans ses premiers jours de gloire, lors d’une messe déclamé « Qui est la cause de nos malheurs ? » et tous les fidèles de répéter « les États-Unis » et lui de poursuivre « Ils disent que nous sommes sous-développés et pourtant ce sont eux qui sont sous-développés, ils sont sous-développés au niveau humain » il s’agira de prouver cette affirmation.

Fabian Charles

lundi 22 août 2011

Qui bloque notre pays?

La question qui prélude à toutes les autres et qui n’est pas si facile à répondre est qui dirige le pays dans lequel nous vivons tous ? Haïti semble aujourd’hui plus qu’avant le 14 Mai en situation d’anarchie totale ou tout le monde s’improvise chef, ou chaque citoyen pense avec force et sans recul posséder plus d’autorité que son prochain, être d’un métier ou d’une classe différente de l’autre, pour remettre sans cesse en avant la question est-ce que finalement un lion ne serait-il pas supérieur a un éléphant ? Nous n’obtiendrons jamais réponse. Einstein dit qu’un problème sans solution est un problème mal posé.

La situation d’Haïti est encore plus complexe parce que nous ne savons pas qui pose mal le problème, et qui devrait le poser. Nous sommes tous coupables. Durant ces derniers mois, le président a tenté d’atteindre la racine de la faille, l’éducation obligatoire et gratuite pour tous, inspiré d’un article de la constitution de 1987 dépassée mais gardée par lui-même en éliminant l’amendement constitutionnel déclaré par le parlement en 2011. Qui bloque le pays ou plutôt qui cherche à le faire avancer ?

Dans la population les opinions sont mitigées, le dixième de la masse populaire ayant installé l’homme rose à la présidence sont assurés qu’il s’agit du parlement puisque le président désigne des premiers ministres et qu’on les rejette parce qu’ils ont oublié que l’amendement constitutionnel des parlementaires avait été rejeté par l’exécutif et que ce dernier avait promis qu’il allait se battre contre tous les rats de la politique qui sont sur la scène depuis vingt-cinq ans. Nous assistons à une guerre fratricide.

Pire, le pays ne se sent même pas bloqué, les haïtiens se sentent dans une continuité qui dure à n’en plus finir et que leurs récents votes a deux tours ont été oubliés. Le spectacle est ennuyeux, on ne pourrait même plus parler de théâtre puisque les mêmes acteurs continuent ce même jeu à somme nulle comme l’a titré un valeureux éditorialiste. Si nos leaders ne nous éclairent pas comme l’aurait espéré Platon, qui nous sortira de l’intense black-out dans lequel berce la capitale et le reste du pays sujet aux viols et aux kidnappings sous les tentes. L’exécutif ne fait rien, quand nous disons exécutif nous ne parlons sûrement pas de la présidence puisqu’elle n’a aucun pouvoir, le gouvernement démissionnaire qui gère les affaires courantes est intouchable puisqu’ils ne devraient pas être à leur place. Le problème c’est nous semble t il encore qui avons mal voté.

Il y a une solution ! C’est que nous plaçons des gens compétents au dessus de nous. Mais cela tout le monde le sait mais nous refusons de le faire parce qu’émotionnellement chacun de nous ne décide pas de se considérer dans une logique patriotique égal au cireur de chaussures pas économiquement mais au moins environnementalement. Quand une majorité de la population est absente du processus politique ce sont les anciens qui demeurent ou les nouveaux corrupteurs qui s’immiscent. Ce pays ne se développera pas dans aucune autre voie que la politique pure parce que c’est la que complotent la mafia et qu’il faudra la faire disparaître.

La ratification du gouvernement ne changera rien à la cause de la présidence puisqu’elle a déjà son propre avion garé dans notre aéroport désastreux et qu’elle voyage pour refaire l’image d’Haïti à l’étranger prenant l’international pour des dupes et des complices au marketing. Aujourd’hui le rôle de la présidence est de prendre en charge le gouvernement actuel mais elle préfère s’abstenir puisqu’elle avait fait des promesses trop clairement irréalisables comme l’éducation obligatoire et gratuite au début du mois de septembre. Mais aujourd’hui les parents se plaignent du coût élevé de l’éducation, les prêtres et pasteurs se plaignent de la destruction de leurs églises et de l’immoralité de leurs fidèles, les parlementaires se plaignent des campagnes antiparlementaire en s’abstenant de voter pour ou contre le changement, une population absente a son propre développement, qu’est-ce qui reste après tout, le repli doctrinaire, les même actes passées, S.O.S leadership ! J’ai décidé d’être un jeune politicien.

Nous ne savons pas encore qui dira non au bluff, de celui qui a annoncé avoir eu dix-huit sénateurs dans son camp et une majorité de députés pour les prochains débats, à ceux qui ont décidé de retourner d’Afrique du sud pour traiter d’éducation, aux perdants électoraux qui n’ont jamais démontré leur capacité de meneur de jeu. Aucune majorité au sein du parlement, aucune majorité parmi l’exécutif, aucune majorité au sein de la population qui s’exprimera peut-être dans les urnes en fin d’année, d’élections qui se dérouleront, osons le croire avec un conseil électoral en fuite, dont trois membres devraient être de façon permanente nommés par l’exécutif.

Certains disent qu’un homme ne peut pas changer une nation. Mais pour débloquer ce pays il ne faudrait qu’un homme impartial capable d’unir les deux camps jouant les enfants indisciplinés, un homme compétent nommé par la majorité politique c'est-à-dire celle du peuple, et qui n’a pas les mains liées pour donner répit aux actes passées et garantir les deux camps qu’il ne s’agit uniquement que de leurs actes présents. La stratégie n’est pas un mot négatif, il s’agit simplement de braver sa peur interne pour aller négocier avec les mains cachées derrière les pierres. Il y a-t-il une carence de nègres ici ?

Fabian Charles

vendredi 22 avril 2011

message à la nouvelle administration

Notre bicolore ne tombera pas. Cette affirmation peut sembler désuète et téméraire quand après deux siècles d’indépendance nous avons vu vers quoi cet acte passionnel nous a amené. La division clamée haut et fort et le renvoi au beau milieu de son mandat d’un régime démocratiquement élu, sont entre autres les conséquences néfastes de politiques consistant à obtenir le pouvoir pour le pouvoir. Ce qu’il faut aujourd’hui éviter est plus que jamais l’ingérence internationale, au nom de l’humanitaire. Il nous faut donc reprendre notre chère souveraineté en travaillant à rendre cette nation plus forte, moins vulnérable.

Monsieur Michel Martelly est élu après la stabilité stagnante et non productive d’un mandat de Préval mais au moins, avec la garantie pour ce dernier d’avoir entamé le processus démocratique en passant l’écharpe présidentielle à un autre président installé par la voie des urnes, cela nous rappel 2001, les années qui suivent devront être d’une autre mélodie. Nous ne nous attarderons pas sur la manière de la prise de pouvoir, mais nous avons observé une pale performance des vingt années de régime de gauche, que la Communauté internationale à force de promesses non tenues et de blocus plus ou moins avoués a laissé s’ enferrer dans un mandat stérile.

La commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti nous rappelle plusieurs étapes historiques dont le plan Marshall utilisé pour relever l’Europe après la seconde guerre mondial et contrer tous les fléaux de gauche. Ce n’est pas d’aujourd’hui que la droite est au pouvoir. Nous avons connu des périodes depuis bien des années qu’on pourrait qualifier d’extrême anarchisme même car par coup d’états et captures de nos hommes d’états, acculés à l’exil, Haïti a perdu quelques os de sa colonne vertébrale. Nous sommes dans une valse à deux temps et votre nouveau régime, Monsieur le président élu, devra savoir comment mettre le premier pas pour ne pas trébucher avant de déposer le deuxième.

La première étape de la nouvelle administration devra être la réconciliation, pas celle que tout le monde attend dans une sorte de dégustation médiatique entre les forces non actives de la nation mais entre les divers secteurs qui peuvent effectivement permettre une reconstruction équilibré entre les besoins de la nation et leurs propres intérêts. Le danger que colporte ce nouveau système de direction dit de droite est qu’il peut passer facilement aux yeux du peuple comme puissance « bling bling » favorisant les besoins d’une minorité, élite économique d’un pays qui patauge dans la misère.

Le nouveau système que vous souhaitez incarner en invitant les divers partis de la nation haïtienne à participer au nouveau gouvernement doit faire rupture avec les anciennes mains basses de l’exclusion qui n’a pas su dépasser la querelle politique afin de penser Etat de droit. La moralité est plus que jamais essentielle au relèvement d’une population ne sachant plus distinguer le bien et le mal, ne sachant pas d’où elle vient ni où elle se dirige. L’éducation civique qu’elle passe par les églises, les écoles ou qu’elle prenne expansion dans la rue est aujourd’hui plus que jamais, une nécessité.

Toutes les structures de l’ordre disparaissent si profondément qu’il a été permis à L’OEA de corriger les résultats d’une de nos plus hautes institutions, disons de corriger notre avenir après que le peuple se soit manifesté de façon assez violente, il est vrai. La réconciliation internationale représenté par la CIRH cache un mauvais germe, celui d’une sainte dépendance, car le passage de la gestion étrangère à celle de cadres haïtiens devra se faire au plus vite, mais il faudra une toute autre politique : concentrer leur activité sur des projets générateurs de revenus pour l’Etat plutôt qu’aux bénéfices d’organismes privés.

Certains régimes de gauche ont réussi dans la remise sur pied économique de leur pays, au Brésil par exemple : le président Lula a accepté un certain compromis avec les multinationales d’originaires étrangères et/ou locales, inventé la bolsa familia qui a répondu aux besoins d’une population satisfaite en fin de mandat. Mais pour cela il faut organiser un certain budget, le slogan inchangé de l’idéologie de cette nouvelle équipe dit « Haïti est trop riche pour être pauvre » devra prouver sa véracité, puisqu’elle est utopique dans l’urgence entre les secteurs primaires et secondaires.

Dans le tourisme cependant, avec un minimum de détermination et d’intelligence des secteurs privés, l’hôtellerie sera dynamisée et la vente de la culture locale, gage de notre identité, et qui n’est pas sujette à la soumission, est la meilleure façon d’affirmer notre authenticité.

Ainsi les hommes d’affaires haïtiens et étrangers cohabiteront dans la paix, dépasseront les discours résiduels de la campagne électorale, souvenons nous de notre passé glorieux, avançons vers le futur en ayant en tête que nous ne voulons pas d’un développement disloqué mais d’une vraie union qui entoure notre seul drapeau, qui se différencie du néocolonialisme et implantera des bases solides et définitives, malgré les médisances nous avons été depuis deux siècles indomptables remuant l’idée d’être capable de devenir l’exemple d’un pays indépendant développé avec ses propres hommes. Nous sommes à quelque pas de la première puissance mondiale, notre malaise a été que nous n’avons pas su cohabiter avec elle et pour ce faire, il faut une bonne ambiance et comme l’a dit Churchill dans son discours à Fulton « ce que j’ai pu voir chez nos amis... m’a convaincu qu’il n’y a rien qu’ils admirent autant que la force et rien qu’ils respectent moins que la faiblesse »
Fabian Charles

dimanche 20 février 2011

Mi Ma

Campagne contre le système est le slogan d’ordre qui nous rassemble tous lors de ces joutes où nous déciderons à nouveau de faire partie d’un pays. Le « Notre » n’est pas l’espace que nous partageons en communauté mais plus loin l’ensemble qui rend possible que nous soyons tel que nous sommes, je ne suis pas sans mon pays, mon pays c’est ma vérité a dit Lamartine. Nous l’avons fort remarqué récemment quand les jamaïcains ont considéré l’équipe nationale de football U-17 à l’égal d’une race inférieure, d’hommes impuissants disqualifiés à cause de leur point de naissance.

Face à cette réduction assez commune parmi nos pays voisins, nous accomplissons l’espace d’un instant la confirmation d’être haïtien, un bloc uni contre l’étranger. La sottise que nous répétons au second tour de la fragile confiance se situe dans cette continuité du « contre » alors que demain nécessite le bémol du « pour », aujourd’hui nous ne pouvons plus choisir universellement un président qui se dresse contre le système actuel sans qu’il organise sa pensée pour le pays et pour nos pères.

Au contraire, il est vrai que la population haïtienne cherche à ressembler à la jeunesse moderne, sujette à l’américanisation, au phénomène de stars et à la promotion individuelle du business. Mais avons-nous cherché jusqu’où ce reste de l’expansion idéal du libéralisme conclue son chemin. La majorité des jeunes haïtiens composant la plus grande partie des votants et de ceux qui espèrent ne rêvent pas d’obtenir une télévision, une voiture personnelle sur la même ligne que l’Europe et l’Amérique à l’aube des trente glorieuses, le jeune haïtien est au bord d’une éradication si poussée qu’il pense plutôt à être beau et vif à travers la propreté des rues sans fatras, sans bidonvilles, la non-faim.

A quitter une terre tombée en friche, il veut avoir des villes plus majestueuses que la capitale voisine, que le dominicain cesse de nous inférioriser. Les candidats actuels ne remplissent pas ce désir universel de ressembler à l’héroïsme passé. Ce qui n’est pas une surprise qu’après infinies années de dictatures propulsant dans l’Amérique latine le libre-échange, il a fallu supprimer le nationalisme, l’autarcie, la production locale.

Les vingt dernières années de régime de gauche ont été un échec. La redistribution des richesses n’est plus un thème de pensée pour le jeune haïtien. Pour reconstruire la conscience d’être, les nouveaux aspirants ont dans leur panier du coté de Mirlande Manigat la promesse de redevenir un sujet capable de négocier et dialoguer en tête à tête avec la communauté internationale sans en être un objet, le départ progressif de la Minustah.

Michel Martelly ne se place pas en héros national, il fructifie l’envie de modernité, d’urbanisme, ce qui ne correspond pas au jeune reculé aux tripes réclamant plus le travail que le progrès, c'est-à-dire ceux qui ont travaillé et acquis une si ample connaissance du terrain qu’il ou elle puisse le permettre de s’élancer dans la même voie. La réussite sociale est plus spirituelle que matérielle. Le rêve haïtien n’est pas la réussite individuelle mais la capacité à nourrir sa propre famille. Ceux qui partent aident massivement ceux qui restent, les transferts de la diaspora accrochée à leur dernier sentiment national pointent vers le sommet. « Ayiti cheri fòk mwen te kite ou pou mwen te ka konprann valè ou » dit une chanson rassembleuse d’Othello Bayard.

Le vote rationnel contre le vote émotionnel ? La stratégie de Michel Martelly aidé par la compagnie Ostos & Sola qui a participé à la campagne électorale de John McCain en 2008 est la médiatisation de sa personnalité de combat qui a pu abattre au premier tour le prétendu passé, créer un effet de mode rhinocéros dramatisé par Eugene Ionesco. Si convaincre la population se résume à un effet de mode, la démocratie actuelle est caduque, nécessite un recyclage acheminant peut-être vers un système proche de la cinquième république gaulliste, d’ailleurs les luttes internes dernières nous font douter de la perfection du régime parlementaire.

Jean Bertrand Aristide conserve une popularité surprenante grâce à la passion qu’il incarnait contre tout ce qui empêche au peuple de s’exprimer. En vue de cet objectif, il a d’abord conquis la passion religieuse qui est primordiale ici quand nous pensons aux résultats étonnant de Chavannes Jeunes en 2006, la sureté étatique incarnée par le vote secret contre tout changement la même année, ce que Sweet Mickey ne réussit pas. Son comportement anarchique sur scène lui fera peut-être pisser du sang.

Nous n’avons pas observé une volonté de meute anti-Manigat après l’anti-Célestin, cela est dû au fait qu’elle a su cultiver une image d’elle attachée au pays et politiquement savante depuis bientôt vingt-trois ans ; sa popularité se base sur la longue répétition nominale au sommet de la politique du couple Manigat qui incarne la sureté et la confiance. Pour pénétrer la conscience paysanne Martelly a un long chemin de campagne à effectuer en un mois disponible. Il n’a pas encore électoralement gagné un seul des départements. Je prédis la fatigue prochaine du mouvement qui l’a choisi s’il cesse de chanter.

Celui ou celle qui gagnera les élections sera le candidat qui démontre une certaine cohérence pas contre mais pour l’amour de chacun envers l’autre. Sociologiquement, les pays dans l’abime choisissent au-delà de l’effet de mode, un dirigeant pensant pour eux-mêmes, les proposant où se situer, poursuivant des idéaux les relevant au-delà des luttes de petits hommes, l’Allemagne avant Hitler. Obama pour vaincre a démontré à travers ses discours qu’il était plus conscient des défis quotidiens et de l’histoire américaine. Haïti est loin d’être un peuple d’ignorant, les chants populaires dominants récemment les carnavals ne sont pas la trivialité Ti Simone mais le défilé de Dessalines de Ram et les raps nationalistes de Barikad Crew désirant recommencer le toup pou yo footballistique.

Nous voulons manger. Cependant nous visons indirectement, d’abord la fierté haïtienne, réduire l’impuissance de nos leaders. Et Victor Hugo chanta, contre l’ivresse rose « s’il n’en reste qu’un, je serai celui là ! »

Fabian Charles

mardi 18 janvier 2011

Jean Claude Duvalier est de retour

Nous allons employer un langage pur et simple pour réfléchir sur le retour récent d’un homme important dans notre bout d’ile qui bruie depuis l’année dernière, aujourd’hui en l’attente d’une forte tension. Nous employons ce discours essentiellement puisque nous voulons surtout toucher la communauté des jeunes qui doit être fin prête pour les prochains défis avenirs qu’elle aura à affronter en commettant moins d’erreurs. Jean Claude Duvalier est de retour mais ce n’est surtout pas le rapatriement d’Ulysse à Ithaque.

Le patriotisme de cet homme pose problème, pas parce que sous sa présidence le drapeau avait d’autres couleurs mais il n’avait crée aucun accrochage véritable à son peuple autre que le vide et la dictature, noms communs depuis mil neuf cent quatre vingt six. Ce n’était pas un dirigeant populaire tant est-il que c’était la grande foule qui descendait dans la rue malgré les balles perçant les corps, habitudes des dictatures féroces de l’époque, traversant la peur d’hommes assassinant à visage découvert, plus criminels que les chimères d’aujourd’hui qui ne le font peut-être pas dans toutes les grandes villes du pays, les haïtiens manifestaient au-delà de l’interdiction pour avoir le droit de dire non.

Ce n’est pas le peuple des derniers jours. L’auteur de cet article n’a lui non plus aucune mémoire de la période mais il suffit de visiter les ruines du Fort-Dimanche ou le coin des Duvalier au Mupanah affaire de poindre son nez sur les relents des cadavres d’antan qui ne sont pas mort de cause naturelle. Certaines familles n’existent plus.

Nous n’allons pas non plus anticiper un mauvais procès à celui qui nous pousse à de la nostalgie maladive. Haïti était un plus bel espace, l’ordre était une priorité et la morale avait une place prépondérante dans nos discours. Même si, elle portait parfois d’étranges concepts. Une différence originelle doit être classée entre le règne du père et de son bébé qui a bénéficié d’un héritage grandiose et difficile, la république d’Haïti et sa position géopolitique dans le temps et l’espace perdu dans un continent où elle se trouve désespérément seule.

La sérieuse tache qui comblait le monde était celle de la décolonisation, François Duvalier en acquérant nos têtes avait prononcé cette promesse de nous redonner la liberté économique que nous possédions vers les heures de notre indépendance. Périsse un principe plutôt qu’un pays ? Les deux ont dégradés avec des dictats à la Batista sous l’égide de la superpuissance américaine. Nous avons cru au faux discours nationaliste calqué sur le noirisme de Dessalines, au faux drapeau composé pourtant de belles couleurs.

Baby doc par contre a possédé nos corps tel l’héritage d’un prince. A 19 ans, il n’avait atteint aucune maturité idéologique, et s’est mis à jouer avec nos mornes en écrivant Jean Claude à vie et dilapidant les fonds de l’état pour les caprices d’autres que ses compatriotes, le pays avait atteint une forme de corruption si profonde que durant son séjour en France l’homme possédait sur la cote d’azur une fortune plus grande que la dette externe d’Haïti.

Ne l’acclamons pas. Hegel disait que la seule façon pour qu’un peuple se reconnaisse en tant qu’ensemble c’est a travers son chef politique, cela a disparu depuis lors. Nous ne nous souvenons pas du temps des Duvalier mais plutôt que nous sommes sorti de très hauts pour tomber au plus bas dans l’anarchie de René Préval. Avant les Duvalier c’était encore meilleur d’où nous comprenons l’attirance des citoyens actuels à vouloir ancien. Mais les jeunes se reconnaissent dans les mauvais visages, ils se trompent de but. Ils choisissent des candidats au fauteuil qui préfèrent chanter à vie au lieu de penser indépendance économique.

Nous sommes en période électoral, Jean Claude Duvalier avait fait vœux en 2004 de venir se présenter pour les élections présidentiels. Il ne doit pas être gras de notre support. Nous sommes pour le changement et non la continuité. Son retour s’est effectué à la date du 16 Janvier, moment planifié pour les suffrages du deuxième tour, sorte de distraction des médias pour empêcher la révolte, dans les faits son retour sera une étape positive car l’apaisement qu’il est venu installer sera profitable à tous pour la crédibilisation des élections et la refonte de l’image de la communauté internationale. Il est quand même temps que l’étranger cesse d’arracher nos élites et que nous votons des gens capables d’autorité morale.

mercredi 29 décembre 2010

L'affaire Patrice Dumont

Je ne commencerai pas cette page au même niveau acerbe du crayon de Zola quand il s’insurgeait contre l’iniquité publique en présentant à la une d’un journal les sept grandes lettres du J’ACCUSE inoubliable à avoir marqué la France d’un débat antisémite avant bien même qu’elle collabore aux environs de la seconde guerre mondiale. Certains textes influencent les mentalités, du moins celles avisées à ne pas recommencer des actes d’inintelligence historique qui font naitre un chaos entre les mains mêmes de ses initiateurs et les propulsent éhonté hors de l’histoire, nous parlons de fin de règne.

Cependant ce genre de procès peuvent être aussi stimulés par d’habiles artisans, des mains gantés qui suppriment discrètement les éléments nocifs pour eux, capables de les rendre victimes de maladies cholériques. Oui, cette tentative de procès fabriqué ressemble à un lynchage d’ignorants. Et porte par malheur une marque haïtienne. Nous sommes même gras de la fortune que ce nouveau roman-feuilleton n’ait pas bruyamment résonnée à l’extérieur, elle si féru de scoops haïtiens. Mais j’oublie qui fait la presse.

L’accusé participe ou mettons le à l’imparfait à ce journalisme influencé comme toutes les institutions directement par le président de la république René Préval, contre qui paradoxalement personne n’a bonne gueule. Les vingt dernières années ont bercé Haïti dans un relent d’anarchisme qui a permis à la presse de s’émanciper de manière telle que les journalistes ont commencé à débattre jusqu'à s’ébattre publiquement dans un tribunal et bruire à travers les organes des médias auquel ils appartiennent une lutte verbale tenant à l’écart le peuple de source idéalisant plus que jamais sur une clarification des sujets.

Qui est censé nous informer des vérités contre toute corruption gouvernementale ?

Sur l’arène se tiennent apparemment altiers, vertèbres solides d’abord l’accusé, chroniqueur sportif très populaire impliquant ses premiers pas dans la politique publique en tant que porte-parole de la campagne présidentielle de Mirlande Manigat. Contre lui l’accusation aussi spectaculaire de conniver conditionnellement à bruler le local de la radio télévision nationale d’Haïti, il préparerait cette réunion trois jours avant le probable désastre dans les locaux du RDNP, accusé en plus d’avoir projeté des roches sur les murs en béton de cette dite radio de l’Etat lors des jours tumultueux de la crise électorale.

Contre lui aucune preuve tangible à l’appui, aucun des actes prescrits n’a été commis disons le puisque ce jour où les photographies fusaient de nulle part nous n’avons à aucun endroit aperçu Patrice Dumont exécutant l’acte. Néanmoins pour que l’affaire soit rigidement tissé au gout d’un roman d’Agatha Christie ou Exbrayat nous devons garder en permanence tous les acteurs en état de suspicion.

Mis à part Patrice Dumont, un autre acteur nodal, le directeur de la RTNH, a défendu sa position dans les radios. Il n’a pas porté plainte. En tant que directeur exécutif, ainsi défenseur des propriétés qu’il dirige, il a tenu fréquemment des réunions avec la police pour réfléchir comment ils empêcheront à un employé de l’administration publique de mettre feu à un local d’Etat ce qui justifie la prise en main du dossier par le commissaire du gouvernement. Le motif de cette insubordination romantique en un sens, serait un acte spectaculaire contre les autorités comme cela a été fait lors des joutes par les partisans de Michel Martelly contre les locaux de la DGI et de la douane des cayes incendiés.

Quand le débat atteint le summum des élucubrations, une tentative de lumière nous éclaircit le front. Personne ne serait coupable, le procès est conjugué au conditionnel présent, un temps qui correspond à tous bouts à la situation actuelle de notre pays ou toute vérité est son contraire. L’accusé est libéré du parquet sujet à une poursuite en suspens de la part du gouvernement, libérer de commettre les agissements craints d’où l’absurdité de la mise en demeure.

Tous les acteurs doivent par honnêteté si ce n’est pas de la politique, féliciter le chroniqueur sportif d’être débarquer dans le tribunal avec une cargaison d’avocats, des sénateurs élus, un parti politique et la potentielle future présidente. Et une argumentation forgé dans une articulation syllabique dont nous a fait la bonne surprise cet homme qui proclame haut et fort : « Je n’ai pas de rendez-vous avec la souillure ! »

Certaines comparaisons anachroniques ont réjouit mon oreille d’auditeur attentif, les affaires Calas, Baudelaire et Dreyfus qui avaient signalons le l’avantage d’accusateurs détenant au moins l’autorité étatique pleine et entière à la belle manière de Poutine emprisonnant récemment dans une obscurité voulue un grand PDG d’entreprise.

Mais ce procès si c’est une manigance politique contre le parti le plus populaire d’après les résultats électoraux, manigance que Mirlande Manigat ne semble pas encore affirmer, cela a été un jeu stratégiquement à somme nulle, comme l’a conceptualisé l’éditorialiste Roody Edmé à l’égal des déboires des dernières années.

Dans la parade de ces joutes médiatiques, la référence suprême a été citée, le procès de Kafka. Dans notre cas K est sur la piste d’être vainqueur. En tant qu’analyste des situations fragiles, j’envoie un coup du coin de l’œil au président de la république pour lui conseiller en tant qu’humble citoyen qu’il est venu le moment de placer les cartes de la franchise, affaire d’éviter l’exil de quiconque, la déconfiture en Gbagbo d’un pays confrère.

vendredi 3 décembre 2010

Des élections frauduleuses

Du latin fraudis, le président Préval semble s’être instruit de la profonde signification, étymologiquement fraude est ruse, encore une fois ce président remplit le rôle du plus populaire des héros haïtiens usant d’une ruse pour tromper le peuple mis en position d’eternel bouki. Son intelligence fait défaut quand une bonne partie de ce peuple éclairé ne se laisse pas dupé en contrecarrant les agents d’INITE bourrant les urnes, du flagrant délit.

Au même jour, nous sentons qu’une réaction chaude gagne les rues. Certains opposants du pouvoir ont dormi la veille au Karibe Convention Center, affaire de poindre au jour, à midi plus exactement un document bruyant élevant dans la rue une rythmique habituelle coincé en boucle depuis 2004 dans le faire voire, le m’as-tu vu, le battre corps de l’opposition.

Sortir de ces marches théoriques sans vrais résultats, doit remuer sous la houppe d’un leadership éclairé soutenue, mais fort, la jeunesse ne serait pas gênante. Aux premières loges s’est assit sur la vitre d’une camionnette, Michel Martelly, ancien chanteur célèbre et animateur de foules sans pareil. Face à la ruse de Préval, nous n’avons pas besoin d’animation mais d’intelligence. Nous avons remarqué que Michel Martelly a pu réduire au silence la majorité des politiciens habituels.

L’homme jusqu'à la texture de ses slogans carnavalesques est attiré par le coté artistique de la politique. Les douze apôtres ont produit au Karibe une demande d’annulation impulsive des élections qui entrera dans l’histoire en tant qu’échec faible malgré les minimes ripostes du nectar des candidats, au futur ils pourront être garant d’avoir pratiqué de la morale politique.

Nous n’appuyons sur aucune face de stratégie politique le retrait des deux traitres à qui a été promis d’accéder au deuxième tour. Surtout que rester au sein de la promesse des douze aurait permit à Haïti de participer pour la première fois à un jeu politique propre, et que ces dits candidats n’auraient pas bénéficié de la mauvaise réclame dont ils sont sujets actuellement.

Une chose est sure, la communauté internationale manigance avec le conseil électoral provisoire la possibilité d’un deuxième tour propulsant notre pays vers leur reflet démocratique. Ce ne serait pas un mauvais pas si nous voulons quitter le provisoire. Un deuxième tour contenant le candidat du pouvoir serait dangereux, personne ne le souhaite. Concédons à la proposition étrangère, sereinement élisons sérieux, compétence et patriotisme, enfin remarquons les pas de Dessalines.

dimanche 14 novembre 2010

Jude Célestin

C’est un nom qui n’a pas résonné dans la politique lors des chaudes années. Le nom nous était si inconnu que lors du choix ponctué entre les mains absolues de Préval tel un empereur autoritaire du candidat à la présidence au sein d’INITE, ce n’était pas ce nom qui prévalait mais un autre, résolument passé à l’opposition en quelques semaines. Etant donné que Jude Célestin incarne cette continuité qu’il assume, c'est-à-dire, Préval 3, nous pouvons parler de sa candidature en étalant d’abord ce qu’elle aurait été sans lui.

Les termes à la mode sont président fantoche, candidat marionnette. Nous ne participons pas à ces abaissements verbaux, cependant le pays libre que nous sommes n’en a pas besoin non plus. Nous nous sommes si souvent débarrassé de tyrannies coincées en boucle dans l’éternel retour de la soi disant malédiction haïtienne. Jacques Edouard Alexis laissé évincé du fauteuil ministériel par une majorité parlementaire au service du palais, aurait été électoralement la stratégie la plus sure pour se perpétuer au pouvoir.

Préserver les rennes de la magistrature suprême à la manière d’un prince n’est pas aussi simple car certains humains sont d’essence libre et que Préval redoute qu’Alexis lui fasse le retour de force qu’il a lui même effectué contre Aristide. Dans nos rangs point de traîtres, tant mieux pour les vingt années prochaines censées contrastées avec les dernières au point où la démocratie s’épaissit de lumière.

Se faire suivre au pouvoir à l’aide d’un lien familial est sociologiquement efficace, l’homme de source aime les grandes familles monarchiques, les dynasties glorieuses, interminables. Quand notre président a cherché à conserver son beau-fils à la direction du CNE, ne déduisons pas qu’il ruminait déjà des idées à l’arrière du front, en repassant toutes les hypothèses cela lui a quand même permis d’exploiter une certaine mainmise a partir d’un organisme qui n’appartient à personne.

Jude Célestin encore seulement candidat ce que certains autres parmi la multitude ne soulignent pas assez a pour projet de concrétiser un paysage routier. Plan majeur de son probable futur quinquennat, les routes offrent généralement une belle envergure aux pays, si nous considérons les routes aériennes tortueuses de Santo Domingo embellit par Trujillo symbolisant sa puissance à travers cette porno routière pleine de courbes et de solidité.

Contrairement à notre voisin nous avons reçu certaines plaintes concernant nos asphaltes posés par et pour les fantômes. Les spirituels se comprennent. Le dilemme majeur que nous pose Jude Célestin réside dans son incapacité à sortir du passé. A devenir la solution aux maux des dix années du règne de Préval, à cesser d’être le masque de celui-ci. En tant qu’homme ce ne serait qu’une honte d’être l’ombre d’un autre.

lundi 1 novembre 2010

Le Couple Manigat

Cette présidentielle 2010 semble se décider sur le fil fragile d’élections rassemblant les anciennes espérances d’un renouveau. Nous sommes encore dans une jeunesse démocratique qui ne fleurit pas parce que le peuple haïtien ne se l’est pas encore approprié. Notre peuple s’était habitué á une élite forte chargé de prendre des décisions trop obscures pour elles car après les premiers combats elle s’est déshabitué, mise a part du choix volontaire.

Depuis vingt ans, un passé historique assez proche mais très pénible dans la politique réel, la majorité absolue de la population s’était rassemblé au chevet d’un messie, les ouvrant la porte á une passion jamais égalé depuis l’indépendance. Mais ce messie a ne nous voilons pas la face déjà échoué, pas parce qu’il ne possède pas un potentiel électoral toujours assez fort mais surtout parce qu’il n’a pas su préserver le pouvoir en sa faveur et que son dauphin chef de l’ile depuis 2006 l’a laissé en situation d’exil dépressif.

Présentement, pour que notre ile entre dans une époque de constante stabilité, nous avons non seulement besoin d’un génie politique surpassant les autres mais aussi d’un candidat capable de faire l’union des différents secteurs pesant dans la balance de la cite haïtienne propre et ceci est déjà prouvé, sort des règles sociologiques et faciles des civilisations nordistes. C’est dans cette exacte tension que Mirlande Manigat risque pour la première fois sa candidature à la présidence.

A sa base comme dans toute démocratie qui se respecte un parti politique et une plateforme assez réputé misant sur sa réussite. L’obstacle à peine surmontable et irrationnel que la masse populaire ferait en faveur du couple Manigat serait de l’élire sans qu’ils aient un parti politique véritablement populaire, qu’aux élections de 2006 ils n’ont eu qu’un seul sénateur et un député élu. Une réussite pareille est rare.

Néanmoins, le surplus d’acrobaties exercé en faveur du statu quo par nous savons qui décline. Le candidat du palais national déconstruit ne fait pas monter la fièvre des espérances de huit millions d’hommes accroupissant dans la crasse depuis quarante six ans et discutant par teledyol du futur car les medias sans électricité et sans richesses ont une force de frappe très mince ici. Mirlande Manigat est issue d’une génération qui n’a pas su se partager les suites de Duvalier alors qu’un vide s’exposait en pleine période de populisme mondialisé.

Jean Bertrand Aristide en a su profiter et continue malgré son départ de nourrir un espoir latent. Leslie Manigat a touché le pouvoir durant six mois. L’armée détruite plus tard par Aristide l’a renversé pour audace démesurée. Simplement parce que pour s’asseoir sur le fauteuil, il est nécessaire d’adoucir les mentalités des uns et des autres en vue d’une union pacifique prochaine. Aujourd’hui sans armée la brèche est ouverte a qui dont la famille Manigat désire étaler un certain autoritarisme nostalgique.

Concrètement, Mirlande Manigat possède les voix de l’élite intellectuelle oubliée, du peuple éclairé visant á travers elle, le seul adversaire mure contre le passé, d’une jeunesse imprégné par les images développées chantées par d’autres pays contrastant tel blanc et noir avec le passe récent, de la diaspora support économique le plus fort et le plus moraliste si nous nous appuyons sur les opportunités extrêmes qu’ont eu ses fils au nom de Wyclef Jean et David Siméus, les voix des granmoun se souvenant des temps de paix.

Elle possède aussi les voix de Leslie Manigat qui n’est sur ce terrain qu’un bonus. Nous parlons d’un ancien président, second aux élections de 2006, figure de proue connue et déjà digéré par une majorité. Sa femme n’a pas encore connue d’échec électoral. Rappelons-nous que le couple Manigat avait réussi aux dernières élections sans grand déploiement musical contrairement aux efforts même tranquilles de cette année.

En face d’eux, des produits marketing inconnus et ignorants d’un style qui n’a jamais été gobé nulle part depuis la naissance de la démocratie. Nous avons de fortes chances que le 28 Novembre se passe malgré les menaces dans une atmosphère de prospérités démocratique si les communautés internationales mettent même par profit leurs racines dans notre terre tremblante pour s’assurer d’élections crédibles. Nous ne sommes pas génocidaires.