mardi 30 mars 2010

Entre le sphinx en feu d'énigme et le testament des solitudes

Entre l’appréhension de la vie en spirale et un désespoir vidé de tout sentiment excessif se situe deux œuvres l’une à l’opposé de l’autre dans le style et dans le tempérament des auteurs. L’un est un démiurge vantard et honnête qui s’applique beaucoup plus à se compléter spirituellement à l’aide de la page qu’à partager une impression de la réalité avec le lecteur. L’autre est bien ancré dans le réel à la manière du torrent des écrivains haïtiens actuels.

Le testament des solitudes fait place à une écriture à la fois retenue et dépouille de sentiments, l’auteur ne fait qu’un constat imaginaire à la manière d’un Dany Laférrière mais s’enfonce encore plus dans une description du dedans résumé par la première phrase : les terres ont l’air sans borne ici. Tout donne ici une impression d’infini désertique, de savane qu’Emmelie Prophète refuse d’oublier. Une terre ou même la guerre ne veut rien dire où on est obligé d’être des vivants passifs. Une écriture quand même vidée de tout jugement ou engagement littéraire qui ne lui permettrait pas de passer sous les yeux qui n’ont souvent besoin que d’un constat objectif. Encore une histoire de femme comptées par trois générations qui sont le squelette sous la chair du pays, le féminisme ébauché par tant de livres et tant d’écrivains haïtiens tels que Emmelie Prophète, Yanick Lahens et Pierre Clitandre une histoire de souffrance inextricable au soi. Mais ces mêmes écrivains par peur de saleté et par envie extrême de maniaque pudeur nous fait perdre malgré tout, le gout de suif que nous a présenté la fameuse niña estrellita.

Voici pourquoi notre cher Franketienne traine autant dans la fange. Par esprit de révolte franche face à toute utilisation de gant pour modeler la littérature, elle doit être dite avec des mains non lavées in contrario d’un James Noel qu’il a lui-même introduit. La littérature est l’espace où tout se dit, ou l’on peut enfin discuter des gouts et des couleurs. Et Frankétienne parle d’un oiseau couleur de peur qui s’obstine à voler avec un sexe bien érigé pour un avenir fantasmagorique d’Haïti tout en s’interrogeant sur la base de la littérature en inventant des mots, une langue pour donner une identité nouvelle à d’autres pays ce qui donne à son écriture une étiquette éclectique capable d’être promu par l’Unesco en faveur de la paix des pays unis. Mais ce grimoire que le génie de Frankétienne fructifie est souvent trop abstrait et trop obscure pour le commun des mortels, il nous repousse.

Deux textes d’écrivains qui ont peut-être fini de découvrir leur manière d’écrire et qui écrivent du brouillon ou du soigné, qu’importe. Depuis que les mots fassent vivre des événements nouveaux.

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