jeudi 1 avril 2010

Entre my name is et profonds regrets

Le cinéma haïtien déçoit beaucoup d’entre nous, spectateurs de la première division cellulaire de l’un des arts les plus supportés du nouveau siècle. L’art haïtien est pourtant très bien maitrisé dans les autres domaines. Ce n’est donc qu’un art à l’état de bourgeon qui attend d’être une rose qui sera espérons le, polychrome. Une diversité qui doit quand même être contrôlée car si l’art est le seul milieu ou l’humain trouve une liberté complète, les limites du cinéma doivent s’inscrire dans une certaine valeur esthétique poussant les réalisateurs à faire voir du travail fini.

C’est sur cette ligne de mire que peut être fait l’analyse de profonds regrets et my name is. Deux films qui se ressemblent malgré toute la volonté des caméramans à vouloir faire de ces films de l’originalité haïtienne. Originalité beaucoup plus prononcé dans ce dernier film où la question du nom de famille est posée comme fondement d’identité sociale. Ce qui est vrai. L’actualité de ces films réside dans deux problèmes fondamentaux auxquels est confrontée leur mère patrie. Haïti est entre destruction et exil.

La destruction entamée par le tremblement de terre plonge l’individuel de ce pays dans l’exact situation de ce Carl-Henry qui est décrit à l’aide du prologue du film en étant un être sans famille, orphelin à quinze ans qui a vu des crimes absurdes se passés sans qu’il ait pu défendre un camp. Tout ce trouble psychologique a amener plus tard à un être violent incapable de canalyser son énergie mental qui a du être activer par plein de neurones après ces événements. Quand nous pensons à tous ces jeunes orphelins aujourd’hui, pourront-ils résister ? My name is dresse un portrait très lugubre de cette condition à l’Etzer Vilaire. Ce qui est un caractère repoussant du film mais qui entre malgré tout dans la norme artistique requise, nous avons vu plusieurs scènes sortis de pleins fouets de l’imagination de l’auteur. C’est ce qu’il manque à la réalité haïtienne, l’imaginaire qui déborde un peu.

D’où le caractère trop documentaire de profonds regrets, beaucoup plus proche du réel de la diaspora haïtienne mais qui n’a que dressé une trame et un constat sur un tissu d’homme auxquels nous sommes habitués. Ces déracinés dont le nombre augmente aujourd’hui de façon exponentielle avec ce désespoir profond qui a suivi le tremblement de terre et qui a fait fuir de nombreux compatriotes croyant encore plus à cette malédiction acquise depuis notre indépendance. Mais après l’exil il y a l’incapacité à s’installer dans l’autre civilisation qui n’accueil pas les blessés de façon hospitalière surtout dans le long terme. A l’autre face de la mer, il n’y a plus de désespoir mais une déchirure interne entre la nostalgie et l’amnésie volontaire, on est dépourvu de soi. Quel choix reste t-il ? Le film se termine sur une assez bonne touche.

L’extérieur attire plus que jamais des touristes forcés et l’intérieur est effectivement morbide. Certains ont survécu au désarroi du voyage, d’autres luttent encore. Port-au-Prince tient au fil du nom de famille grâce à sa diaspora qui la supporte même au chômage. Mais le chômage n’est pas que chez les non-émigrants. L’élite du pays cogne sa tête au vide, l’espoir est aujourd’hui sous les tentes.

2 commentaires:

  1. Voilà une belle surprise! Une analyse aux antipodes du voye monte habituel, j'avoue que c'est assez rare ces temps-ci. L'effort est apprécié a sa juste valeur, sachez-le.
    Pour voir des textes semblables aux vôtres, une visite sur www.nationsoleil.com s'impose.
    Valles

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  2. Grand merci. On est bien obligé d'aller à contre-courant du voye monte habituel sinon nous choisissons de baigner dans l'ignorance. J'ai visité le site nationsoleil et je peux vous dire que vous faites du très bon travail. La culture est l'un des secteur ou l'haitien est très performant. La valoriser est nécessaire.

    L'auteur du Blog

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